Écrit par Vincent Daviet
Mis à jour le 12 novembre 2024
Écrit par Vincent Daviet
Mis à jour le 12 novembre 2024
Vous souffrez de douleurs chroniques et vous vous demandez si votre cerveau n’y serait pas pour quelque chose ? Vous n’êtes pas seul ! De plus en plus d’études scientifiques s’intéressent aux douleurs neuroplastiques, ces douleurs générées par notre cerveau. C’est parti pour décortiquer et analyser ces études.
Ces 11 études scientifiques majeures ont façonné notre compréhension actuelle des douleurs générées par le cerveau. Voici un aperçu chronologique de ces recherches fondamentales, accompagnées de leurs enseignements principaux, ainsi que de toute les références.
Premièrement, une étude publiée dans Spine[1] démontre l’influence des facteurs psychosociaux et de la perception du travail sur le mal de dos.
Suite à cela, l’Association Internationale pour l’Étude de la Douleur (IASP) établit une classification des douleurs[2], incluant un nouveau type de douleurs chroniques : les douleurs neuroplastiques générées par le cerveau.
Ensuite, le Dr David Schechter publie une étude[3] sur 51 patients souffrant de douleurs chroniques du dos depuis 9 ans en moyenne. Le traitement du Dr Sarno réduit de 52% l’intensité moyenne de leurs douleurs chroniques de dos.
Puis, une étude[4] révèle l’importance des émotions dans la conceptualisation, l’évaluation et le traitement de la douleur persistante.
Dans la continuité, la neuroimagerie met en évidence les liens entre attention, anticipation, peur/anxiété et changements cérébraux associés à la chronicité de la douleur[5].
Pour continuer, une étude[6] souligne la contribution des facteurs psychosociaux au développement et au maintien de la douleur chronique.
Puis, une étude[7] compare l’efficacité de l’EAET (Emotional Awareness and Expression Therapy) à l’éducation sur la fibromyalgie et à la TCC. L’EAET montre de meilleurs résultats pour le soulagement de la douleur et la gestion des symptômes.
Ensuite, l’EAET démontre[8] une réduction plus importante de la douleur que la TCC chez les personnes âgées souffrant de douleurs musculo-squelettiques chroniques. Cette thérapie est intégrée au référentiel du Ministère Américain de la Santé.
Par la suite, une étude[9] valide l’efficacité des méthodes EAET et PSRT (Psychophysiologic Symptom Relief Therapy). À la 26ème semaine du programme, 63% des patients souffrant de mal de dos ne ressentent plus de douleur.
Puis, la méthode PRT (Pain Reprocessing Therapy) est validée[10] : après 1 session d’1h avec un médecin et 8 sessions sur 4 semaines avec un thérapeute, 66% des patients n’ont plus ou presque plus mal. Un an après, 52% ressentent toujours moins de douleur.
Enfin, une analyse approfondie de l’étude[11] sur la PRT révèle que les patients attribuant leurs symptômes à des processus cérébraux plutôt qu’à des lésions tissulaires obtiennent de meilleurs résultats. Ces études constituent le socle scientifique de notre compréhension actuelle des douleurs neuroplastiques et ouvrent la voie à des traitements innovants et efficaces.
Une étude récente publiée en 2024 [13] apporte un nouvel éclairage sur la relation entre la « Sensibilisation Centrale » (SC) et la Douleur Chronique (DC). La SC implique des changements neuroplastiques dans le système nerveux central, amplifiant la signalisation de la douleur et modifiant sa perception.
Voici donc ce qu’il faut retenir :
Les chercheurs ont examiné de nombreuses études mais n’ont pas trouvé de preuves suffisamment solides montrant que la sensibilisation centrale (SC) cause directement la douleur chronique (DC) chez l’homme.
De plus, ils ont remarqué que beaucoup d’études confondent deux choses différentes :
C’est un peu comme si on mélangeait ce qui se passe dans le moteur d’une voiture avec ce que le conducteur ressent en conduisant. Cette confusion rend difficile de tirer des conclusions claires sur le rôle de la SC dans la douleur chronique.
Malgré ces remises en question, les connaissances actuelles sur la Sensibilisation Centrale et les Douleurs Neuroplastiques contribuent à une meilleure prise en charge des patients, notamment en soulignant l’importance d’approches holistiques et multidisciplinaires, dont les approches basées sur le modèle BioPsychoSocial.
Cette étude nous rappelle l’importance de rester critique face aux hypothèses scientifiques, même largement acceptées, et souligne la nécessité de poursuivre les recherches pour mieux comprendre les mécanismes complexes de la douleur chronique.
Les troubles psychophysiologiques (PPD) désignent des symptômes physiques persistants qui ne sont pas causés par une maladie organique ou une anomalie structurelle. Notamment, ils incluent les douleurs chroniques neuroplastiques, les symptômes médicalement inexpliqués, les syndromes fonctionnels chroniques, les troubles de somatisation. En exemple : la migraine, la fibromyalgie, le syndrome du côlon irritable, la fatigue chronique, la mal de dos, la douleur pelvienne…
Par ailleurs, l’Association PPD (Psychophysiologic Disorders Association – PPDA) a pour mission de mettre fin à l’épidémie de douleur chronique et à la crise des opioïdes en faisant progresser la sensibilisation, le diagnostic et le traitement des symptômes neuroplastiques (PPD) qui affectent des millions de personnes dans le monde.
Par conséquent, la PPDA a compilé une bibliographie exhaustive des recherches scientifiques sur les troubles psychophysiologiques et les douleurs chroniques. ainsi, ce document de plus de 200 études annotées représente une mine d’informations précieuses pour les cliniciens et chercheurs. En somme, cette bibliographie rassemble les preuves scientifiques soutenant une approche psychologique de ces troubles.
Les études sont classées par catégories (traitements psychologiques, traumatismes, perception de la douleur, etc.) et chacune est accompagnée d’un résumé de ses principaux résultats. En somme, ce travail de synthèse, régulièrement actualisé, permet de prendre la mesure de la qualité et de la quantité des preuves en faveur des approches psychologiques pour ces troubles souvent difficiles à traiter.
Il est important de noter que les approches neuroplastiques pour le traitement de la douleur chronique gagnent en reconnaissance officielle en France. En effet, le Vidal, référence médicale française, agréée par la Haute Autorité de Santé (HAS), aborde désormais ces concepts.
Premièrement, un article du Vidal traite de la sensibilisation centrale dans le trouble de l’usage des opioïdes[13], soulignant le rôle des mécanismes neuroplastiques dans la douleur chronique et la dépendance.
Secondement, un autre article présente les douleurs nociplastiques comme une nouvelle entité à reconnaître[14], mettant en lumière les changements dans le système nerveux central qui peuvent amplifier la perception de la douleur sans lésion tissulaire apparente.
Cette inclusion dans le Vidal témoigne de l’évolution de la compréhension médicale des douleurs chroniques et de la légitimité croissante, notamment par la Médecine Française, des approches neuroplastiques dans le traitement de ces conditions.
Imaginez votre cerveau comme un chef d’orchestre un peu trop zélé. Parfois, il se met à diriger une symphonie de douleurs alors qu’il n’y a pas de musiciens sur scène ! C’est exactement ce qui se passe avec les douleurs neuroplastiques. Des études récentes ont mis en lumière ce phénomène étonnant.
En 1994 déjà, des chercheurs ont identifié trois types de douleurs, dont les douleurs neuroplastiques[2]. Depuis, les preuves s’accumulent : notre cerveau peut bel et bien générer et amplifier la douleur, même en l’absence de lésion physique.
Vous vous êtes déjà senti stressé au point d’avoir mal au ventre ? Ce n’est pas un hasard ! Le stress chronique, l’anxiété, la dépression : tous ces facteurs peuvent influencer la façon dont notre cerveau traite les signaux de douleur. C’est comme si notre système nerveux devenait hypersensible, transformant le moindre picotement en véritable feu d’artifice douloureux.
Une étude de 2011 a montré que les émotions jouent un rôle central dans notre perception de la douleur[4].
La bonne nouvelle, c’est que si notre cerveau peut créer de la douleur, il peut aussi apprendre à la réduire ! C’est là qu’intervient le concept fascinant de neuroplasticité.
Des approches thérapeutiques comme la thérapie de retraitement de la douleur (PRT), la thérapie de conscience et d’expression émotionnelle (EAET), ou encore la méthode du Dr Sarno, s’appuient sur ce principe. L’idée ? Aider le cerveau à désapprendre la douleur chronique.
Certaines études montrent des résultats impressionnants (jusqu’à 66% de patients sans douleur après un mois de PRT[10][11]).
Attention toutefois à ne pas crier victoire trop vite ! Ces recherches, bien que prometteuses, sont encore récentes et parfois menées par les créateurs mêmes des thérapies étudiées. Il faudra d’autres études indépendantes pour confirmer ces résultats enthousiasmants.
En caricaturant un peu, c’est comme si le chef cuisinier notait lui-même son restaurant !
Une étude récente publiée dans JAMA Network Open en 2023 apporte un nouvel espoir pour les personnes souffrant de douleurs chroniques . Etonnamment, cette analyse secondaire de l’essai clinique sur la thérapie de retraitement de la douleur (PRT) a révélé des résultats remarquables[11].
Ainsi, après seulement un mois de traitement, 66% des participants ne ressentaient plus de douleur ou presque plus. Plus encourageant encore, ces effets se sont maintenus dans le temps : un an après le traitement, 52% des participants rapportaient toujours une absence ou quasi-absence de douleur. La catégorie « Sans douleur » a été, pour la première fois, et à la grande surprise de tous les chercheurs, ajoutée à l’échelle d’évaluation des traitements anti-douleurs pour les souffrants chroniques.
L’étude souligne également l’importance du changement de perspective : les participants qui ont attribué leurs symptômes à des processus cérébraux plutôt qu’à des lésions tissulaires ont obtenu de meilleurs résultats.
Ces résultats [4] suggèrent qu’une guérison complète ou partielle est non seulement possible, mais atteignable pour de nombreuses personnes souffrant de douleurs chroniques d’origine neuroplastique.
Les avancées scientifiques sur les douleurs neuroplastiques ouvrent de nouvelles perspectives prometteuses pour les personnes souffrant de douleurs chroniques :
👉 N’hésitez pas à aborder ce sujet avec votre médecin traitant et à explorer ces approches novatrices (voir le modèle de lettre au médecin). Votre cerveau, autrefois source de douleur, pourrait bien devenir votre meilleur allié pour la surmonter !
En outre, cela n’a rien de scientifique, mais, pour compléter votre avis, vous pouvez prendre en compte les milliers de témoignages de rétablis de douleurs chroniques nociplastiques. Évidemment, je tiens à rappeler que je ne serai jamais totalement objectif sur ce sujet, car j’ai personnellement guéri de douleurs neuroplastiques, comme je le raconte en détails ici.
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Article écrit par :
[1] Bigos SJ, et al. (1991). A prospective study of work perceptions and psychosocial factors affecting the report of back injury. Spine, 16(1), 1-6.
Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1825891/
[2] IASP. (2021). Classification of Chronic Pain, Second Edition (Revised).
Source : https://www.iasp-pain.org/publications/free-ebooks/classification-of-chronic-pain-second-edition-revised
[3] Schechter D, et al. (2007). Outcomes of a mind-body treatment program for chronic back pain with no distinct structural pathology-a case series of patients diagnosed and treated as tension myositis syndrome. Alternative Therapies in Health and Medicine, 13(5), 26-35.
Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17900039/
[4] Lumley MA, et al. (2011). Pain and emotion: a biopsychosocial review of recent research. Journal of Clinical Psychology, 67(9), 942-968.
Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21647882
[5] Lee MC, et al. (2013). Imaging pain: a potent means for investigating pain mechanisms in patients. British Journal of Anaesthesia, 111(1), 64-72.
Source : https://www.jpain.org/article/S1526-5900(13)00004-7/fulltext
[6] Edwards RR, et al. (2016). The Role of Psychosocial Processes in the Development and Maintenance of Chronic Pain. The Journal of Pain, 17(9), T70-T92.
Source : https://www.jpain.org/article/S1526-5900(16)00018-3/fulltext
[7] Lumley MA, et al. (2017). Emotional awareness and expression therapy, cognitive behavioral therapy, and education for fibromyalgia: a cluster-randomized controlled trial. Pain, 158(12), 2354-2363.
Source : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5680092/
[8] Lumley MA, et al. (2020). Emotional Awareness and Expression Therapy for Chronic Pain: Rationale, Principles and Techniques, Evidence, and Critical Review. Current Rheumatology Reports, 22(1), 1-8.
Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32451528
[9] Donnino MW, et al. (2021). Psychophysiologic symptom relief therapy for chronic back pain: a pilot randomized controlled trial. PAIN Reports, 6(3), e959.
Source : https://journals.lww.com/painrpts/Fulltext/2021/09000/Psychophysiologic_symptom_relief_therapy_for.13.aspx
[10] Ashar YK, et al. (2021). Effect of Pain Reprocessing Therapy vs Placebo and Usual Care for Patients With Chronic Back Pain: A Randomized Clinical Trial. JAMA Psychiatry, 78(11), 1207-1214.
Source : https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2784694
[11] Ashar YK, et al. (2023). Psychological Attributions and Symptom Resolution in a Mechanistic Study of Pain Reprocessing Therapy for Chronic Back Pain. JAMA Network Open, 6(4), e237782. Source : https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2809959
[12] 200+ papiers de recherche regroupés dans une bibliographie par l’Association pour les Psychophysiological Disorders.
Source : https://ppdassociation.org/bibliography
[13] Velasco E et al. Neurosci Biobehav Rev. 2024 Sep 13.
Source : www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0149763424003555