Revue d’études scientifiques : douleurs chroniques neuroplastiques

Écrit par Vincent Daviet

Mis à jour le 19 octobre 2024

Les études scientifiques sur les douleurs neuroplastiques : ce que la science nous apprend

Vous souffrez de douleurs chroniques et vous vous demandez si votre cerveau n’y serait pas pour quelque chose ? Vous n’êtes pas seul ! De plus en plus d’études scientifiques s’intéressent aux douleurs neuroplastiques, ces douleurs générées par notre cerveau. C’est parti pour décortiquer et analyser ces études.

Les 11 études scientifiques clés sur les douleurs chroniques neuroplastiques

Ces 11 études scientifiques majeures ont façonné notre compréhension actuelle des douleurs générées par le cerveau. Voici un aperçu chronologique de ces recherches fondamentales, accompagnées de leurs enseignements principaux, ainsi que de toute les références.

1. Facteurs psychosociaux et mal de dos (1991)

Premièrement, une étude publiée dans Spine[1] démontre l’influence des facteurs psychosociaux et de la perception du travail sur le mal de dos.

2. Classification des types de douleur (1994 & 2021)

Suite à cela, l’Association Internationale pour l’Étude de la Douleur (IASP) établit une classification des douleurs[2], incluant un nouveau type de douleurs chroniques : les douleurs neuroplastiques générées par le cerveau.

3. Efficacité du traitement Sarno (2007)

Ensuite, le Dr David Schechter publie une étude[3] sur 51 patients souffrant de douleurs chroniques du dos depuis 9 ans en moyenne. Le traitement du Dr Sarno réduit de 52% l’intensité moyenne de leurs douleurs chroniques de dos.

4. Rôle des émotions dans la douleur persistante (2011)

Puis, une étude[4] révèle l’importance des émotions dans la conceptualisation, l’évaluation et le traitement de la douleur persistante.

5. Apports de la neuroimagerie (2013)

Dans la continuité, la neuroimagerie met en évidence les liens entre attention, anticipation, peur/anxiété et changements cérébraux associés à la chronicité de la douleur[5].

6. Impact des facteurs psychosociaux (2016)

Pour continuer, une étude[6] souligne la contribution des facteurs psychosociaux au développement et au maintien de la douleur chronique.

7. Comparaison des thérapies pour la fibromyalgie (2017)

Puis, une étude[7] compare l’efficacité de l’EAET (Emotional Awareness and Expression Therapy) à l’éducation sur la fibromyalgie et à la TCC. L’EAET montre de meilleurs résultats pour le soulagement de la douleur et la gestion des symptômes.

8. Supériorité de l’EAET sur la TCC (2020)

Ensuite, l’EAET démontre[8] une réduction plus importante de la douleur que la TCC chez les personnes âgées souffrant de douleurs musculo-squelettiques chroniques. Cette thérapie est intégrée au référentiel du Ministère Américain de la Santé.

9. Validation de l’EAET et du PSRT (2021)

Par la suite, une étude[9] valide l’efficacité des méthodes EAET et PSRT (Psychophysiologic Symptom Relief Therapy). À la 26ème semaine du programme, 63% des patients souffrant de mal de dos ne ressentent plus de douleur.

10. Efficacité de la PRT (2021)

Puis, la méthode PRT (Pain Reprocessing Therapy) est validée[10] : après 1 session d’1h avec un médecin et 8 sessions sur 4 semaines avec un thérapeute, 66% des patients n’ont plus ou presque plus mal. Un an après, 52% ressentent toujours moins de douleur.

11. Analyse secondaire de l’étude PRT (2023)

Enfin, une analyse approfondie de l’étude[11] sur la PRT révèle que les patients attribuant leurs symptômes à des processus cérébraux plutôt qu’à des lésions tissulaires obtiennent de meilleurs résultats. Ces études constituent le socle scientifique de notre compréhension actuelle des douleurs neuroplastiques et ouvrent la voie à des traitements innovants et efficaces.

Les publications médicales internationales sur les troubles psychophysiologiques (incluant les études scientifiques sur les douleurs neuroplastiques)

Les troubles psychophysiologiques (PPD) désignent des symptômes physiques persistants qui ne sont pas causés par une maladie organique ou une anomalie structurelle. Notamment, ils incluent les douleurs chroniques neuroplastiques, les symptômes médicalement inexpliqués, les syndromes fonctionnels chroniques, les troubles de somatisation. En exemple : la migraine, la fibromyalgie, le syndrome du côlon irritable, la fatigue chronique, la mal de dos, la douleur pelvienne…

Par ailleurs, l’Association PPD (Psychophysiologic Disorders Association – PPDA) a pour mission de mettre fin à l’épidémie de douleur chronique et à la crise des opioïdes en faisant progresser la sensibilisation, le diagnostic et le traitement des symptômes neuroplastiques (PPD) qui affectent des millions de personnes dans le monde.

Par conséquent, la PPDA a compilé une bibliographie exhaustive des recherches scientifiques sur les troubles psychophysiologiques et les douleurs chroniques. ainsi, ce document de plus de 200 études annotées représente une mine d’informations précieuses pour les cliniciens et chercheurs. En somme, cette bibliographie rassemble les preuves scientifiques soutenant une approche psychologique de ces troubles.

Les études sont classées par catégories (traitements psychologiques, traumatismes, perception de la douleur, etc.) et chacune est accompagnée d’un résumé de ses principaux résultats. En somme, ce travail de synthèse, régulièrement actualisé, permet de prendre la mesure de la qualité et de la quantité des preuves en faveur des approches psychologiques pour ces troubles souvent difficiles à traiter.

Reconnaissance officielle en France des approches neuroplastiques

Il est important de noter que les approches neuroplastiques pour le traitement de la douleur chronique gagnent en reconnaissance officielle en France. En effet, le Vidal, référence médicale française, agréée par la Haute Autorité de Santé (HAS), aborde désormais ces concepts.

Premièrement, un article du Vidal traite de la sensibilisation centrale dans le trouble de l’usage des opioïdes[13], soulignant le rôle des mécanismes neuroplastiques dans la douleur chronique et la dépendance.

Secondement, un autre article présente les douleurs nociplastiques comme une nouvelle entité à reconnaître[14], mettant en lumière les changements dans le système nerveux central qui peuvent amplifier la perception de la douleur sans lésion tissulaire apparente.

Analyse et enseignement des études scientifiques (douleurs neuroplastiques)

1. Notre cerveau joue les chefs d’orchestre de la douleur

Imaginez votre cerveau comme un chef d’orchestre un peu trop zélé. Parfois, il se met à diriger une symphonie de douleurs alors qu’il n’y a pas de musiciens sur scène ! C’est exactement ce qui se passe avec les douleurs neuroplastiques. Des études récentes ont mis en lumière ce phénomène étonnant.

En 1994 déjà, des chercheurs ont identifié trois types de douleurs, dont les douleurs neuroplastiques[2]. Depuis, les preuves s’accumulent : notre cerveau peut bel et bien générer et amplifier la douleur, même en l’absence de lésion physique.

2. Le rôle clé des émotions et du stress

Vous vous êtes déjà senti stressé au point d’avoir mal au ventre ? Ce n’est pas un hasard ! Le stress chronique, l’anxiété, la dépression : tous ces facteurs peuvent influencer la façon dont notre cerveau traite les signaux de douleur. C’est comme si notre système nerveux devenait hypersensible, transformant le moindre picotement en véritable feu d’artifice douloureux.

Une étude de 2011 a montré que les émotions jouent un rôle central dans notre perception de la douleur[4].

3. Des traitements innovants et prometteurs basés sur la neuroplasticité : rééduquer son cerveau pour soulager la douleur

La bonne nouvelle, c’est que si notre cerveau peut créer de la douleur, il peut aussi apprendre à la réduire ! C’est là qu’intervient le concept fascinant de neuroplasticité.

Des approches thérapeutiques comme la thérapie de retraitement de la douleur (PRT), la thérapie de conscience et d’expression émotionnelle (EAET), ou encore la méthode du Dr Sarno, s’appuient sur ce principe. L’idée ? Aider le cerveau à désapprendre la douleur chronique.

Certaines études montrent des résultats impressionnants (jusqu’à 66% de patients sans douleur après un mois de PRT[10][11]).

Attention toutefois à ne pas crier victoire trop vite ! Ces recherches, bien que prometteuses, sont encore récentes et parfois menées par les créateurs mêmes des thérapies étudiées. Il faudra d’autres études indépendantes pour confirmer ces résultats enthousiasmants.

En caricaturant un peu, c’est comme si le chef cuisinier notait lui-même son restaurant !

4. La guérison de douleurs chroniques neuroplastiques est possible : des preuves scientifiques encourageantes

Une étude récente publiée dans JAMA Network Open en 2023 apporte un nouvel espoir pour les personnes souffrant de douleurs chroniques . Etonnamment, cette analyse secondaire de l’essai clinique sur la thérapie de retraitement de la douleur (PRT) a révélé des résultats remarquables[11].

Ainsi, après seulement un mois de traitement, 66% des participants ne ressentaient plus de douleur ou presque plus. Plus encourageant encore, ces effets se sont maintenus dans le temps : un an après le traitement, 52% des participants rapportaient toujours une absence ou quasi-absence de douleur. La catégorie « Sans douleur » a été, pour la première fois, et à la grande surprise de tous les chercheurs, ajoutée à l’échelle d’évaluation des traitements anti-douleurs pour les souffrants chroniques.

L’étude souligne également l’importance du changement de perspective : les participants qui ont attribué leurs symptômes à des processus cérébraux plutôt qu’à des lésions tissulaires ont obtenu de meilleurs résultats.

Ces résultats [4] suggèrent qu’une guérison complète ou partielle est non seulement possible, mais atteignable pour de nombreuses personnes souffrant de douleurs chroniques d’origine neuroplastique.

Conclusion sur les études scientifiques : Un nouvel espoir pour les douleurs chroniques d’origine neuroplastique

Les avancées scientifiques sur les douleurs neuroplastiques ouvrent de nouvelles perspectives prometteuses pour les personnes souffrant de douleurs chroniques :

  1. Les douleurs neuroplastiques ne sont pas « dans la tête, » mais sont bien générées par le cerveau.
  2. Les causes principales de ce type de douleurs sont désormais attribuées à des facteurs psychologiques, le plus souvent inconscients (comme des émotions, le stress, ou des déclencheurs appris).
  3. Les résultats préliminaires des études sur les traitements par thérapie PRT et EAET, ajoutés aux nombreux témoignages – y compris de personnalités connues – laissent entrevoir de réelles possibilités de rétablissement.
  4. Toutefois, des preuves scientifiques plus solides (plus nombreuses, plus recoupées, et plus indépendantes) sont encore nécessaires pour affirmer que ces traitements sont « prouvés scientifiquement » avec déontologie.

👉 N’hésitez pas à aborder ce sujet avec votre médecin traitant et à explorer ces approches novatrices (voir le modèle de lettre au médecin). Votre cerveau, autrefois source de douleur, pourrait bien devenir votre meilleur allié pour la surmonter !

En outre, cela n’a rien de scientifique, mais, pour compléter votre avis, vous pouvez prendre en compte les milliers de témoignages de rétablis de douleurs chroniques nociplastiques. Évidemment, je tiens à rappeler que je ne serai jamais totalement objectif sur ce sujet, car j’ai personnellement guéri de douleurs neuroplastiques, comme je le raconte en détails ici.

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Références des études scientifiques mentionnées dans cet article :

[1] Bigos SJ, et al. (1991). A prospective study of work perceptions and psychosocial factors affecting the report of back injury. Spine, 16(1), 1-6.
Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1825891/

[2] IASP. (2021). Classification of Chronic Pain, Second Edition (Revised).
Source : https://www.iasp-pain.org/publications/free-ebooks/classification-of-chronic-pain-second-edition-revised

[3] Schechter D, et al. (2007). Outcomes of a mind-body treatment program for chronic back pain with no distinct structural pathology-a case series of patients diagnosed and treated as tension myositis syndrome. Alternative Therapies in Health and Medicine, 13(5), 26-35.
Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17900039/

[4] Lumley MA, et al. (2011). Pain and emotion: a biopsychosocial review of recent research. Journal of Clinical Psychology, 67(9), 942-968.
Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21647882

[5] Lee MC, et al. (2013). Imaging pain: a potent means for investigating pain mechanisms in patients. British Journal of Anaesthesia, 111(1), 64-72.
Source : https://www.jpain.org/article/S1526-5900(13)00004-7/fulltext

[6] Edwards RR, et al. (2016). The Role of Psychosocial Processes in the Development and Maintenance of Chronic Pain. The Journal of Pain, 17(9), T70-T92.
Source : https://www.jpain.org/article/S1526-5900(16)00018-3/fulltext

[7] Lumley MA, et al. (2017). Emotional awareness and expression therapy, cognitive behavioral therapy, and education for fibromyalgia: a cluster-randomized controlled trial. Pain, 158(12), 2354-2363.
Source : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5680092/

[8] Lumley MA, et al. (2020). Emotional Awareness and Expression Therapy for Chronic Pain: Rationale, Principles and Techniques, Evidence, and Critical Review. Current Rheumatology Reports, 22(1), 1-8.
Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32451528

[9] Donnino MW, et al. (2021). Psychophysiologic symptom relief therapy for chronic back pain: a pilot randomized controlled trial. PAIN Reports, 6(3), e959.
Source : https://journals.lww.com/painrpts/Fulltext/2021/09000/Psychophysiologic_symptom_relief_therapy_for.13.aspx

[10] Ashar YK, et al. (2021). Effect of Pain Reprocessing Therapy vs Placebo and Usual Care for Patients With Chronic Back Pain: A Randomized Clinical Trial. JAMA Psychiatry, 78(11), 1207-1214.
Source : https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2784694

[11] Ashar YK, et al. (2023). Psychological Attributions and Symptom Resolution in a Mechanistic Study of Pain Reprocessing Therapy for Chronic Back Pain. JAMA Network Open, 6(4), e237782. Source : https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2809959

[12] 200+ papiers de recherche regroupés dans une bibliographie par l’Association pour les Psychophysiological Disorders.
Source : https://ppdassociation.org/bibliography

Publié par Vincent Daviet

Hello ! Moi, c’est Vincent. Une École d'Ingénieur, et plus de 10 ans d'expérience en Coaching, m'ont amené à la création d’une entreprise. Ce que j’aime le plus, c’est essayer de m'améliorer dans les différentes sphères de ma vie et d'aider les autres. J'ai donc toujours été très curieux, je lis et j'apprends beaucoup. Afin de vous faire partager ma passion pour le développement personnel sous l'angle du rétablissement des douleurs chroniques, j'ai créé Soulager Douleurs. Je ne suis ni médecin, ni thérapeute. En toutes circonstances, veuillez consulter votre médecin et poursuivre vos traitements. Bonne lecture !

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